Flâneries parisiennes 2
Pour cette deuxième flânerie parisienne, restons dans les beaux jardins du Palais Royal pour un Rendez-vous ...
Un rendez-vous au Palais royal
Elle
était assise sur un banc savamment choisi, faisant face aux
bassins miroitants, au cœur des jardins du Palais royal. Elle
préférait ces bancs en fer forgé et au bois
rongé, pourtant inconfortables, à l’assise encore
plus étroite des colonnes de Buren, offrant de multiples
hauteurs mais trop exposées aux courants d’air et aux flots
ininterrompus de touristes. De plus, elle avait rendez-vous au cœur
des jardins. Pour une fois, c’était lui qui était en
retard, laissant seules les horloges forger l’œuvre du temps.
Je fis durer le plaisir de la retrouver, de l’enlacer dans mes bras qui s’ouvraient déjà. Je la regardais intensément, à peine vingt mètres en oblique derrière elle.
Elle. TOI. Mon Amour déraisonnable.
Un
rayon de soleil, encore un peu pâle mais majestueusement
lumineux, inondait son visage. Elle était magnifique, mon
étoile du printemps, sous ce projecteur protecteur du
renouveau. Renouveau perpétuel de l’amour, retour
sempiternel de l’hirondelle des faubourgs.
Elle lisait un volume illustré de Pierre Gripari, quelques contes joyeux et maléfiques au détour d’une rue parisienne. Plongée dans cet univers loin de la réalité, elle était insouciante, loin des proches froissements d’ailes émis par des pigeons picorant des croûtes de pain rassis, jetés par une petite vieille au bord de l’ennui. La poussière balayée par la même occasion voletait à ses pieds formant un petit nuage vaporeux invisible à ces yeux. Elle se prenait à vouloir chanter Sorcière sorcière, prends garde à ton… Elle n’entendait pas le bruit des boules de pétanques qui tombaient et s’entrechoquaient dans les allées sablonneuses de ces jardins. Ces boulistes faisaient chanter un petit air du Midi à l’heure méridienne. Malgré cet apparent détachement du monde, elle avait l’air tracassée. Impatiente, elle jetait des regards furtifs mais répétés, de plus en plus précis dans leurs intervalles, sur sa montre. Elle finit par délaisser sa lecture pour sortir négligemment une cigarette de son sac à main. Dédaigneuse, la colère lui piquait le nez. J’étais le seul à la connaître suffisamment pour le voir. Je la rassurai en lui proposant du feu. Elle sursauta mais vite, elle me sourit. Je l’embrasse dans le cou, sur les joues jumelles, et sur les lèvres indolentes qu’elle m’offre avec ravissement. Ebloui et heureux, je te regarde tout en longeant l'arrondi de la fontaine royale et son clapotis délicieux. Ton élan enjoué et ton pas oisif m'entraînent dans les dédales de la capitale. Et à tes lèvres ce sourire malicieux et complice me fait aimer Paris, me fait aimer la vie...