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30 juin 2008

Flâneries parisiennes 11

Le Baiser d’après le rendez-vous des amis


 

rdv_amis_1_html_61e002aeUn dimanche matin de bonne heure – il faisait encore nuit lorsque mon petit Arthiste et moi nous nous sommes levés – nous sentîmes dans ces instants matinaux, sur nos joues rosies, comme un vent de bonheur. Toi et moi avions décidé d’emmener l’Arthiste, notre petit loup noctambule, pour la première fois au spectacle. Nous descendîmes du métro, place du châtelet, traversâmes la rue Saint-Martin et ondulâmes dans les dédales du Marais. Zoé et son lapin Jules se jouait discrètement dans une minuscule salle, remplie au quart, du déjà petit café-théâtre Les Blancs manteaux. Son nom me fit penser à l’image de la neige recouvrant de blancs tapis les rues de Paris, interdisant tout trafic automobile devant céder place à des luges et des skis que l’on ne savait pas si nombreux en cette contrée. La neige me rappela les joies qui illuminent nos visages encore enfantins. Décidément, la journée s’annonçait plutôt bien, placée ainsi sous les signes multiples de l’allégresse. Le spectacle plût à notre petit bonhomme malgré une fatigue qui l’accablait depuis un moment déjà. Tous les trois heureux, nous serpentâmes alors dans les rues alentour qui ceignent le quartier juif et sa rue des Rosiers si peu fleurie. Tout en musant et nous amusant, nous nous arrêtâmes devant la boutique Villa Marais qui présentait une devanture aux couleurs chatoyantes, ocres et pourpres et ayant la prestance damasquinée d’un dôme restauré tel que le plus large des Invalides. Un fauteuil en velours bordeaux et en forme de rose ouverte y trônait majestueusement. Alors qu’Arthur – notre Arthiste –  s’assoupissait dans sa poussette et que je caressais ses paupières s’alourdissant, tu as foulé les lourdes dalles imaginaires de la Villa Marais et y as essayé un chapeau noir en cuir trois fois trop grand pour toi. Lorsque je m’introduisis à mon tour dans le magasin, je vis l’air clownesque qu’il te donnait. Ainsi accoutrée, tu m’apparus comme Mia Farrow jouant un Charlot Gulliver. Le décor tout autour était splendide. Tu m’as montré de la vaisselle aux teintes moirées et miroitantes sur lesquelles étaient dessinées de fines dorures aux motifs arabesques qui en rehaussaient l’éclat. De petits bols et leurs coupelles, des tasses des assiettes parfois hexagonales et des cendriers en forme de cœurs étalaient toute leur beauté sans pudeur sous nos yeux émerveillés. Il ne restait plus qu’à tout remplir de fins mets pour gourmets et se délecter. Nous décidâmes d’aller se régaler dans un petit bistrot aux alentours. Nous poursuivîmes notre chemin, longeant quelques boutiques encore et stoppa notre route devant une vitrine en fête. nous étions séduits par de petites lampes aux couleurs chaudes mêlant harmonieusement le rose,  l’orange et le jaune,rdv_amis_2_html_m2513e862 tombant en cascade contre un mur, comme une guirlande qui enchante la vie toute l’année. Nous l’avons achetée pensant mettre un peu plus de gaieté dans notre petit nid francilien, mais hélas, je la perdis plus tard dans la journée, sur le quai d’un métro. Nous fîmes enfin une halte pour déjeuner. Nous avions trouvé un petit restaurant au décorum début de siècle, et à l’enseigne accueillante sur laquelle on pouvait lire Au Rendez-vous des amis. Je l’interprètai comme un hommage discret rendu à Tonton Georges. Nous y dégustâmes deux plats différents au nom chaleureux de ces lieux, toi une salade composée de foie-gras et saumon cru finement tranché, moi d’une omelette au lard, pommes de terre et champignons. Notre petit bonhomme s’est endormi, bercé par une chanson aux accords violents, jouée par un groupe de rock quelconque. On avait pourtant pu ouïr, quelques minutes auparavant, une petite sonate reposante... Après ce festin aux rdv_amis_3_html_74500546allures de plaisirs minuscules, nous empruntâmes la rue des Rosiers et y achetâmes des gourmandises portant toutes des noms poétiques, à la boulangerie Korcarz. En observant minutieusement sa vitrine, je pus les lire et penser que j’étais loin de Paris… Stroudel, Zemel, Baygel, Hala, Mazurki, toute une série de vocables enchanteurs m’invitaient au voyage onirique. Nous empruntâmes la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie dans laquelle, parce que nous nous sentîmes infiniment heureux, nous nous embrassâmes langoureusement. Au-dessus de nos têtes, une bicyclette était plantée au milieu d’une végétation en pleine croissance, sur un balcon de pierre blanche. Nous étions enlacés face à une venelle en impasse, prisonnière d’un lourd portail de fer. Notre baiser tendre claqua pour se faire entendre du monde extérieur. Il y eut un écho rieur de ce smack alors qu’aucune résonance ne semblait hanter les lieux. Nous avons ri avant de rentrer chez nous car c’était notre petit bonhomme qui avait imité le doux son de notre baiser d’après le rendez-vous des amis.

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