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30 juillet 2008

Petit déplaisir horticole 1

Du yoga dans les yuccas

squash_pour_crise_yucca


Pour faire notre yoga en toute harmonie, on avait décidé de placer quelques yuccas sous notre véranda. Une idée de ma femme. Je me souviens encore de ce jour mémorable et qui aurait dû rester anodin. Je bloguais tranquillement dans le salon lorsque, l'arrosoir à la main et sortant du jardin, ma femme arriva toute joviale.

Ma femme : Dis donc en arrosant les hortensias, j'ai eu une idée merveilleuse !

Moi : hmm... (je bloguais, je le rappelle... et je l'avoue, je me méfiais des « idées merveilleuses » de ma femme...)

Ma femme : On devrait mettre des yuccas sous la véranda. Ce serait bien pour faire notre yoga. J'ai lu quelque part que ces plantes dégageaient des effluves relaxantes et absorbaient les énergies négatives. N'est-ce pas que ce serait zen mon petit Quero ?

(Quero était le petit nom que me donnait ma femme en référence au « Quiero » espagnol. Quand elle voulait me demander quelque chose dont elle avait vraiment envie, elle l'utilisait volontiers. Je savais donc à quoi m'attendre...)

Moi : Le pt'it Quero ...zen ! Toujours zen ! Des yuccas sous la véranda ? Y'a qu'a, y'a qu'a... (je bloguais toujours...)

Ma femme : Bon ben alors, y'a plus qu'a, y'a plus qu'a !

Et nous voilà partis tous les deux, plante de la main dans la plante de la main, à Jardisphère, le supermarché horticole le plus proche de chez nous. On y trouva notre bonheur grâce aux conseils avisés d'un vendeur au sourire charmeur. Les bras chargés, on rentra bien vite, parés à yogger. Voici donc comment trois magnifiques yuccas bien sereins ont dessiné le périmètre de notre véranda. Au milieu de cette flore apaisante et antianxiolytique, on avait posé bien à plat, sur le sol en jonc de mer, un mini tatami parfait pour les yogis en herbe que nous étions. Mais cette belle harmonie ne dura qu'un temps.

Il faut bien reconnaître qu'au début, j'avais l'impression de planer au-dessus de la stratosphère quand je yoggais après avoir blogger. Et puis, comme enivré de nirvanas hallucinatoires, j'écrivais des trucs complètement fous. Ces yuccas m'insufflaient une inspiration délirante. Mais hélas, bien vite, mes séances de yoga dans les yuccas me rendirent un peu plus agressif chaque jour. Les mêmes effets se firent d'ailleurs sentir chez ma femme.

Au bout de trois semaines, je ne yoggais plus sur des océans oniriques. J'avais jusque-là pris l'habitude de yogger tout en écoutant des Chants de baleines pour puiser l'énergie posisitve au plus profond de mon être (je précise que je parle des vraies baleines, de celles qui traversent hardiment les mers. Non pas du fameux « Chant des baleines » breton, expression utilisée lorsqu'il pleut et que chacun doit ouvrir son parapluie...). Mais ce jour-là, j'avais envoyé valdingué les douches rorqualiennes et je me mis à donf' direct sur les oreilles, un bon vieux Led Zep' décoiffant, suivi d'un mauvais Motorhead (leur plus grand succès). C'est vous dire si je pétais les plombs ! Les séances de yoga se transformaient en combats de karatekas. Heureusement que par un beau jour de printemps, après avoir martelé, lacéré et confettisé le tatami, je ressortis ma vieille raquette de tennis et quelques balles de golf, pour improviser contre les parois vitrées de notre chère véranda, un squash destructeur. Sous mes coups rageurs et la violence de mes lifts endiablés, la véranda rendit l'âme Ave Renda. Les yuccas cahotèrent et dans la cohue générale finirent par succomber.

Ce qui nous sauva. Plus de yuccas, plus de dégâts.

On se rendit alors compte que nos yuccas n'en étaient pas. Le vendeur de Jardisphère nous avait bienyucca arnaqué. Il nous avait refilé une espèce de plante carnivore qui ressemblait à des jeunes pousses de yuccas. On s'était bien planté. Mais finalement, en squashant de cette manière, j'avais en quelque sorte désherbé nos raisins de la colère et empêché que le chiendent ne nous morde jusqu'à la racine. Je n'avais pas eu la main verte mais leste. Mais n'étant plus à l'Ouest, on peut dire qu'on sortit de ce que j'appellerais notre crise du yucca. Vous comprendrez alors qu'aujourd'hui, il ne faut plus me parler de yoga. Par contre, si vous voulez faire une petite partie de squash...

Le croquis est d'Etienne Davodeau

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