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27 novembre 2008

culture et autres déconfitures 4 (suite)

Du Poup'-Art aux journées du patrimoine

(suite et fin)

du_poupart

La voiture freina et s'arrêta sans se déglinguer.

Quel naïf ce Paul Art ! Il y avait un monde fou ! On se serait cru aux fameuses Ballades Georges Brassens qui avaient eu lieu la semaine dernière à Rennes ! Il y avait parmi tout ce beau monde, un bel échantillonnage de représentantes des 3 et 4ème âge, ajoutez à cela, une sacré marmaille : des dizaines de rangs d'oignons de petites filles modèles ! Mais finalement, pensa Paul Art, cette foule c'est une aubaine...

- Mince alors ! On ne pourra jamais rentrer avant la fermeture avec tous ces gens ! On n'a plus qu'à s'en retourner, maugréa-t-il, faussement déçu.

- Ne soyez pas si triste mon cher neveu, lui répondit sa tante, il y en a qui viennent simplement voir ce qui reste du château... Et ne vous tourmentez pas, à l'occasion de ces fabuleuses journées du patrimoine, le Musée de poupées a eu la bonne idée d'organiser une nocturne. Le musée sera ouvert jusqu'à 23 heures ! Alors vous voyez bien, il n'y a aucune raison de s'inquiéter.

sculpture_yp_html_5f19374eEn un jour pareil, l'entrée était gratuite. Mais il fallait quand même faire la queue pour prendre son ticket. Ce qu'ils firent pendant près d'une heure. Ensuite, on les conduisit dans une petite salle nommée Salon Polnareff. Cela ressemblait plutôt à une salle d'attente de cabinet dentaire, le samedi matin... mais en pire, car ici on vous infligeait en boucle - ô divine musique d'ambiance – le refrain de La Poupée qui fait non... C'était terrible ! Enfin, ils s'en sortaient déjà pas si mal car, à côté, il y avait deux autres salons : Le Salon France Gall (en écoute Poupée de cire...) et le nec plus ultra, le Salon Bernard Menez où défilait inlassablement cette inoubliable romance, Jolie poupée...

Trois quart d'heure plus tard - il commençait à se faire tard - et Paul Art avait quelques centaines de fourmis dans les jambes. C'est alors qu' un guide vint enfin les chercher :

- Mesdames et messieurs, si vous voulez bien me suivre...

Avec cette chanson qui défilait en écho dans sa tête, Paul Art avait envie de répondre Non non, non non non non...

Il se ravisa et suivit sa petite smala. Devant les vitrines exhibant des centaines de poupées, il se fit tout petit... Ca changeait un peu de registre ! Ca commençait fort avec la première salle, consacrée aux poupées de coquillages... berniques, moules, palourdes, coques, praires, amandes, bigorneaux, pétoncles... tout un inventaire digne d'un conchyliophile s'étalait dans un enchevêtrement baroque devant les yeux ahuris de Paul Art Barok. Et, Il y avait au total huit salles ! Nous voilà propres, pensait-il...

masque

Il était 22 h 30 lorsqu'ils sortirent enfin de l'ultime pièce du musée, la Salle des faïences ! Ouf nous allons enfin pouvoir rentrer, lâcha Paul Art, si heureux d'en finir avec ce supplice, qu'il ne se rendît même pas compte qu'il parlait tout haut. C'est alors qu'une voix microphonée fit l'annonce suivante :

"Mesdames et messieurs, il est l'heure à présent de vous donner le résultat de notre loterie surprise... L'un d'entre vous aura la chance de repartir avec la poupée de son choix si son numéro de ticket est tiré au sort."

- Vous allez voir que ça va tomber sur moi chère tante, lança goguenard Paul Art.

"Le Ticket gagnant est le... ... ... 12322 !"

- Non, mon cher neveu, c'est moi ! cria en pleurant de joie sa tante. Vous aviez le ticket 12321! Pour une fois le palindrome ne vous a pas porté chance !

Elle fut accueillie sur une estrade et applaudie par une foule jalouse, médusée et même parfois à musée... Elle choisit alors une poupée en porcelaine, un clown aux cheveux carotte et ébouriffés.

L'animateur en la circonstance lui demanda pourquoi ce choix un peu surprenant. Il pensait qu'elle aurait plutôt élu une ravissante marquise en porcelaine. Elle s'empressa de répondre :

- Parce que cette poupée clownesque est à l'image de mon neveu. Et je voudrais, pour le remercier de m'avoir accompagné jusqu'ici, la lui offrir...

Un tonnerre d'applaudissements retentit pour acclamer ce si beau geste. On aurait pu se croire à la Nuit des Césars...

- Il est où ce jeune homme bien chanceux ? reprit l'animateur.

- Là, entre ma cousine et son indécrottable mari, et à côté de mon ex-belle soeur, veuve de surcroît...

Et Paul Art fut poussée sur le devant de la scène par la cousine de sa tante et la foule en délire... Le cauchemar se poursuivait...

EPILOGUE

Minuit trente, chez Paul Art.

- Mon cher neveu, voyez comme cette poupée est ravissante sur ce guéridon ! Cela finit d'habiller votre salon, s'enthousiasma la tante de Paul Art.

- C'est trop ma tante, gardez-la donc, je ne peux pas accepter... une telle oeuvre, d'une telle valeur ! (Il avait vu la veille, la même poupée en vente sur un stand de la Braderie du Canal Saint-Martin, 5 euros à débattre !)

- Allons, allons, cela me fait plaisir. Et puis comme ça vous penserez à moi et je serai si heureuse de la retrouver chez vous quand je passerai à l'improviste. Elle me donnera envie de venir plus souvent chez vous... Tenez, c'est décidé, je passerai chaque semaine pour l'admirer...

Et c'est cette nuit-là que Paul Art Barok décida de faire un tour du monde en 80 ans... au moins !

poup_e_clown

Photo de Joe Krapov

La deuxième photo représente une scultpure d'Yves Pasdelou

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Commentaires
P
Argh! C'est malin, maintenant j'ai "jolie poupée" en tête... juste avant d'aller me coucher en plus. Des coups à avoir une nuit agitée ;o)<br /> <br /> Bon : ça va pour cette fois, je repasserai quand même, j'ai passé un très bon moment de lecture! (une chance, il n'y avait pas de BO !)
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