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30 mars 2009

Monsieur PAGAILLE A Bazarville, les rues étaient

 

Monsieur PAGAILLE

monsieur_Pagaille


A Bazarville, les rues étaient toutes tordues. Pour les traverser, les bus et les voitures devaient zigzaguer sans cesse, ce qui semait la zizanie. Car certains voyageurs ne supportaient pas ces slaloms en godille. Cela créait une agitation certaine et dérangeante qui perturbait la circulation. Le bouchon était devenu une spécialité de la cité comme les bêtises à Cambrai ou l'andouille à Guémené.

Les maisons qui comme partout longent les rues étaient elles-mêmes toute biscornues. Heureusement, à Bazarville, il y avait un magasin N'ikéa, où tous les habitants allaient en empruntant un chemin méandreux pour acheter des meubles sur mesure. Les commodes, les armoires, les étagères, les bibliothèques semblaient toutes de travers mais elles étaient spécialement conçues pour Bazarville et ses demeures bizarres.

 

Buffet_1Fauteuil_1

Dans les faubourgs de cette étrange ville, habitait monsieur Pagaille. Sa maison en carton avec des escaliers en papier et en colimaçon, était très dangereuse tant elle était sans dessus-dessous. Le facteur en savait quelque chose en y ayant perdu plus d'une fois son nez... Les marches en tout sens ne manquent pas de charmes mais il faut s'agripper aux branches pour ne pas en tomber.

Tous les matins, monsieur Pagaille ne se levait pas de son lit, mais se baissait de son lit, car celui-ci était suspendu au plafond de sa chambre.

Il montait alors les escaliers pour aller dans la cuisine et prendre son grand déjeuner. Il chauffait son bol de café dans le frigo et mettait à griller ses toasts dans le freezer. Car chez monsieur Pagaille, vous vous en doutez, tout était en pagaille. Il avalait ce buffet froid sans chaleur ni enthousiasme. Evidemment, monsieur Pagaille en avait assez de mener une vie aussi dissolue.

Il décida alors d'aller voir Monsieur Curé qui professait en la paroisse voisine, car à Bazarville, le dernier religieux avait mis une croix sur son Eglise qui avait le choeur dans l'estomac. De plus,  sa nef ne valait pas plus que des nèfles, partie voguer sur les flots, telle Jésus marchant sur l'océan. En ces circonstances, on peut comprendre qu'il eût été périlleux d'officier.

Monsieur Pagaille enfourcha sa bicyclette qui avait les pédales sur le guidon et se rendit à la ville voisine, City Clean, à grands coups de dérailleur.

Après quelques cassis, dos d'âne et virages en épingle pas piqués des vers, la route vers City Clean devenait rectiligne, bordée d'arbres et de haies nettement taillées.

Les rues de City Clean étaient toutes perpendiculaires et parallèles, d'une droiture irréprochable. A l'exact milieu de la ville, il y avait une grande place rectangulaire où trônait un bâtiment lui-même rectangulaire : l'Eglise de City Clean et son clocher cubique, ô combien célèbre dans la contrée...

Monsieur Pagaille se dirigea directement vers le haut et bien droit confessionnal qui à son approche, se pencha, tel une tour de Pise impie.

A ce moment-là, Le prêtre de City Clean qui polissait soigneusement les angles de son rétable à l'aide d'une peau de chamois, se dirigea vers monsieur Pagaille et prit place dans le confessionnal quand soudain, le rétable perdit un pied et ne rimait plus à rien. Il était branlant, ce qui n'était pas très catholique...

Dès que Monsieur pagaille commença à parler au prêtre, ce dernier fut sur le champ désordonné ! Il redevînt alors un piètre homme ne sachant plus à quel saint se vouer.

Pour ne pas déranger plus, Monsieur pagaille sortit en courant de l'Eglise. C'est alors que l'horloge du magnifique clocher cubique sonna midi alors qu'il n'était qu'onze heures douze.

Monsieur Pagaille s'arrangea pour quitter City Clean sans être aperçu, craignant de faire tache dans le paysage.

C'est alors qu'il tomba nez à nez avec madame Maniaque, freinant à mort sur son dérailleur pour ne pas la renverser. Elle resta droite comme un i et c'est lui qui chuta. En tombant, monsieur Pagaille sentit que quelque chose changea en lui, comme si les éléments de son corps s'étaient remis en ordre.

Madame Maniaque l'aida à se relever et l'épousseta longuement, jusqu'à ce qu'il soit bien net, c'est-à-dire jusqu'au bout de la nuit. C'était un sacré coup de fourche !

MmeManiaque

Ces deux êtres sont devenus inséparables. Ils vivent désormais ensemble dans une petite maison très bien arrangée, calme et douillette, sur la route qui relie City Clean et Bazarville, à distance égale des deux centres urbains.


 

Je remercie vivement mon cher L. Jonchère, d'avoir bien voulu illustrer de façon admirable ce modeste texte ! Quel talent !


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Commentaires
E
Eh bien ! Je vois que vous connaissez mon fils. En voilà un beau de monsieur Pagaille celui-là. Vos personnages sont vraiment très amusants. Je reviendrai.
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S
-> Poupoune : Super que tu trouves ça encore mieux !!! Ca donne envie de continuer !!! N'est-ce pas mon cher Jonkheere ...
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S
-> Danalyia : merci pour l'illustrateur ! Et j'espère vraiment que ce n'est qu'un début. D'ailleurs, dans la série Monsieur-Madame, j'avais inauguré ce blog avec l'histoire de Monsieur Legout, qu'on peut lire là : http://sebarjo.canalblog.com/archives/2008/06/16/9599530.html<br /> <br /> Cours vite au Nikea, ils sont presque en rupture de stock de leur nouveau modèle Bankaal...
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D
Oui, une belle adéquation entre le texte et l'illustration ! Justement, un Nikéa vient d'ouvrir près de chez moi, j'y cours !
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P
Ah ben c'était bien la première fois, c'est encore plus sympa avec les images!
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