Lune et l'autre Je me souviens de cette nuit
Lune et l'autre
Je me souviens de cette nuit alors que j'étais encore un grand dadais
attardé, à la figure pâle et à l'acné critique, comme criblée de
cratères... de cette nuit de juillet 1969 que personne n'a oubliée.
Nous étions allé chez les Schneider, les voisins de la rue d'à côté, car ils avaient un magnifique téléviseur, à la façade plaquée d'un
parfait faux chêne. Ils étaient surtout les seuls dans le quartier à
posséder un tel appareil. C'est tout juste si nous autres, possédions
une bonne vieille TSF...
Nous nous étions retrouvés à plusieurs familles pour voir l'événement en direct.
C'est là que je n'ai rien vu. Pour moi, Armstrong restera à jamais et
uniquement, un fantastique trompettiste et une voix rocailleuse qui
swingue pour vous emporter au-delà de toute galaxie.
Je n'ai pas supporté...
Non, quand tout le monde – on était bien un cinquantaine au final – s'est mis à crier à tue-tête :
A la lune
A la deux
A la trois...
Effaré, j'ai décroché tout de suite et me suis éclipsé...
C'est pour ça qu'aujourd'hui, il ne faut surtout pas me demander de
décrocher la lune, je zappe tout de suite... De toute façon, depuis
qu'on a le choix, j'ai toujours préféré la deux à la lune, alors...