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30 mai 2011

Symphonie pastorale



Voici un texte écrit pour une consigne des Impromptus littéraires selon laquelle il fallait écrire un texte contenant le lexique vieilli qui suit (mots en gras dans le texte) :



coccinelle gotlib 2coccinelle gotlib 3coccinelle gotlib 4coccinelle gotlib 5

  

 

Sur le séant d'une grosse dame ronflante, plus hérissonne que callipyge, assoupie dans l'herbe tendre et étendue comme une serpillière alourdie par une eau sale et dégoulinante, se promenait nesciemment une coccinelle frisquette, née juste avant le printemps. Elle gambadait chattement sur ce nouveau fruit inconnu, sur ce curcubitacée étrange plus proche du derrière de ragotin que de la demi-lune d'une péronnelle.


Mais quelle folie de ribauder en ces lieux malsains, cette contrée contre-nature ! La chair vallonnée que tentait de découvrir le jeune et guilleret coléoptère tout ébaubi - qui ne sémilla point - était une terre, bien qu'esbroufeuse, très périlleuse pour tout être vivant que ce soit. Car, les collines dans leur ombrage, dans leur creux ordinairement si doux à baisaller, cachaient un cratère tout ébouriffé en ébullition constante. Des gaz malodorants, indescriptibles, d'une putréfaction inimaginable, s'en échappaient à intervalles réguliers, dignes d'un métronome sokolovien. A en faire perdre la manie de postéromanie à tout érotomane averti.


La bête à bon Dieu n'avait plus qu'à prier que le geyser ne fît mouche. Il eût fallu qu'elle s'envolât pour en réchapper. Hélas, l'intrépide cucujoidea passa inévitablement par ce défilé mortel où le météorisme était en pleine activité. Tout d'un coup, la chose se produisit. Une énorme déflagration entêtante se fit entendre. Plutôt mourir que se marrir ! Un jet de matières organiques non identifiées vola en éclats et une longue flatulence aux sons inharmonieux et plaintifs déchira le silence délicieux et chatouillant que la nature nous offre bien souvent.


Comme si elle avait mis une ou deux pattes sur une mine explosive, alors qu'elle s'apprêtait à entrouvrir ses fines ailes, la coccinelle éclata en minuscules pétales orangés. S'envolant dans le ciel bleu, elle moucheta de ses petits points noirs la chair épaisse et grasse de l'endormie qui ne s'était jamais adonisée de si belle façon. Pour vous le dire à la manière d'un écrivassier, La rombière n'était pas molle de la fesse.


Aussi se gratta-t-elle confidemment le cratère rectal qui soudainement la démangea. Puis le ronflement repartit de plus belle comme un basson accompagnant les flûtes et les clarinettes de l'orchestre, distillé par les différentes mélodies que les passereaux, tout en s'encoiffant, chantonnaient dans les arbres et arbustes environnants.

 

LEXIQUE :

Baisailler : faire des visites ennuyeuses, accompagnées inévitablement de baisers.

Ribauder : fréquenter des lieux mal famés, se conduire avec impudeur.

S’adoniser : se parer avec beaucoup de recherche.

S’encoiffer : s’enticher, de quelque chose ou de quelqu’un.

Sémiller : manifester une grande vivacité d’esprit et de manières.

Se marrir : s’ennuyer

Postéromanie : envie d’avoir des descendants.

Ragotin (n.m.) : homme contrefait et ridicule.

Péronnelle (n. fém.) : jeune femme sotte et babillarde.

Ecrivassier, écrivassière : mauvais auteur, qui écrit beaucoup.

Esbroufeur, esbroufeuse : qui étonne, par ses manières exagérées.

Frisquette (adj. fém.) : gentille.

Chatouillant (adj.) : qui plaît, qui flatte l’amour-propre.

Hérisson, hérissonne (adj.) : malgracieux, inabordable.

Ebaubi : qui exprime une grande surprise.

Callipyge (adj) : qui a de belles fesses.

Ebouriffé : agité, troublé.

Chattement : à la manière des chats, de façon caressante.

Nesciemment : sans le savoir.

Confidemment : en confidence.

 

 

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Commentaires
S
Merci ! Malgré les nuisances sonores, c"'est vrai que l'exercice de style était intéressant !!!
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S
C'est vrai que ce n'est pas la même musique !<br /> Les haïkus offrent de jolies mélodies impromptues tandis qu'ici on est en plein fanfare(-onnade) !
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L
Bel exercice de style!<br /> Comme quoi, la longueur peut être synonyme de qualité, même chez les auteurs de haïkus.<br /> Ceci dit, l'histoire est plaisante...<br /> Bravo pour le fond et la forme.
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E
On est loin des haïkus printaniers... que personnellement je préfère!
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