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19 juin 2014

Lionel Ray

 

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Il y a quelques semaines, l'une des rares librairies qui survit dans le centre de ma ville (en gros il n'y en a plus que deux si l'on écarte les librairies spécialisées !) eut la bonne idée d'organiser une rencontre avec un poète français : Lionel Ray. VOUS VOYEZ ?

Eh non aucun lien de parenté avec Man Ray ni avec Nicholas Ray et encore moins avec Satyajit Ray. Lionel Ray est un pseudonyme, le vrai nom  de ce personnage que je vais vous présenter étant Robert Lorho. Inconnu donc mais poète contemporain et de surcroît...vivant ! Autant dire que l'inviter était une initiative assez osée et qui n'attira que peu de monde. Je remercie donc cette librairie de l'avoir fait et de m'avoir permis de découvrir cet enchanteur.

Effectivement, ce samedi-là, bien que n'ayant pas la vie devant soi mais tout de même du temps devant moi, je me suis rendu à cette rencontre, piqué par la curiosité. Et je ne le regrette pas. Car Lionel Ray, bien qu'inconnu - la poésie est aujourd'hui malheureusement aussi souterraine que les mathémathiques thiefainiennes - est un grand poète renommé. Ce serait un peu l'égal d'un Echenoz chez les romanciers, c'est vous dire... J'ai découvert cet homme et son univers cet après-midi-là et m'étant plongé dans la lecture d'un de ces recueils que j'avais acheté à cette occasion, j'avais très envie de vous faire partager sa poésie.

Lionel Ray publie ses premiers poèmes dans les années cinquante sous son vrai nom. Sa quête poétique étant le leitmotiv rimbaldien Je est un autre, c'est en toute logique qu'il change rapidement de nom de plume et tel un Barnabooth pour Valéry Larbaud, un Emile Ajar pour Romain Gary, devient Lionel Ray au début des années soixante-dix. Sa poésie évolue donc avec le nouveau personnage naissant, avec le poète qui tente de s'échapper du plus profond de son moi. Il sera alors publié par Louis Aragon (quand je vous dis que ce n'est pas un petit poète du dimanche!). Son dernier recueil L'invention des bibliothèques a pour sous-titre les poèmes de Laurent Barthélémy. Encore un pseudonyme. En effet ce Laurent Barthélémy serait un jeune poète talentueux découvert par l'auteur mais n'est en réalité que l'autre... qui est autre.

Lionel Ray (mais je ne sais plus qui est qui) a obtenu le prix Goncourt de la poésie (si si ça existe!) en 1995 avec Comme un château défait. C'est ce recueil que j'effeuille doucement depuis deux semaines. En effet, un recueil de poésie se lit d'une toute autre façon qu'un thriller. En douceur. Il faut attendre que décantent les mots avec le temps, que nous enchantent les vers de leurs sons. La quasi-totalité des poèmes de cet ouvrage se compose ainsi : 3 strophes (un tercet, un distique, un tercet). Lionel Ray n'use pas de la rime mais n'hésite pas à utiliser l'assonance et l'allitération.

 

Voici quelques poèmes extraits de ce recueil :

 

Tu erres dans l'oreille du chant,
tu cherches la mer entre les pages,
ton jour est devenu sable.

Ainsi fleurissent les syllabes
entre l'après et l'avant.

Ici le temps hésite, le bleu est immobile
                  comme dans une peinture :
l'éternité est un village.

 

Un enfant peut-être avait pleuré,
une porte peut-être s'était fermée,
le sable s'était changé en nuit.

Je ne sais rien de ce qui fut,
     je parle dans la pénombre,

Là où le silence est pareil aux statues.
Toi qui t'en viens avec sur le visage
le masque du temps,
             qui donc es-tu ?

 

Venir de plus loin que la fable, voyager
avec les loups, devenir arbre
parmi les arbres, prendre la lune

A bout de branches, et toutes les autres
étoiles, celles qui chantent sous les suplices

Ou qu'on enferme dans des trous, repartir
enfin avec le printemps nouveau,
danser sous l'averse, refleurir.


Et pour terminer voici un dernier poème que j'ai mis en musique :

 

                         alt : Noomiz



Comme ils étaient extravagants,
ces arbres d'encre, ces bouffées de fête !
Tu regardais de loin vivre les gens.
 
L'heure qui passe ne passe pas
et les pas sont tout en moi-même.
 
Tout s'éloigne  les amis  les saisons
La lampe de l'oeil, qu'a-t-elle donc éclairé ?
Même l'hypothèse d'un nuage
            était impossible à dire.



 

 

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Commentaires
S
Merci !<br /> <br /> Oui c'est un très jeune homme qui aura bientôt ... 80 ans ! Et il a la pêche !
Répondre
C
Tu en parles si bien qu'on a envie de se jeter sur son livre...<br /> <br /> Il a quel âge ce "jeune homme"?
Répondre
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