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25 août 2014

DEUX PIEDS

 
 

Petit matin.

Un ou Le ? Peu importe il est de bonne heure et je suis de mauvaise humeur.

Disons qu'il est 8H30. Je suis déjà debout depuis plus d'une heure. La reprise est difficile, la tâche ardue pour le vacancier que j'étais encore hier. Je parviens tout de même à trouver la porte d'entrée. Je sors, ni paré ni même préparé au labeur qui renaîtra dans un quart d'heure.

J'arpente comme à reculons les trottoirs de la ville quasi-déserte en cette mi-août. J'ai la tête lourde et embrumée, encore en congé, le corps pesant et ensommeillé, pas totalement délassé des bras de Morphée. Je déambule seul, me rendant à mon bureau à pieds, ayant laissé ma jolie auto au garage. Mes pas claquent, résonnent, claquent, résonnent. Plutôt fortement car j'ai rechaussé mes Richelieu de chez Santoni et délaissé mes espadrilles quelque part sur la côte basque entre les plages d'Erretegia et de Parlementia. Un pigeon agite ses ailes et se pose sur un banc à la recherche de restes culinaires. Le vent fait voler deux ou trois papiers gras. Les artères de la ville respirent à peine tant elles sont vides. Je traverse l'avenue lorsque soudain, me sortant de mes rêveries inhérentes, une silhouette blanchâtre apparaît sur l'asphalte grisâtre. C'est un piéton. Du moins, sa substance peinturlurée qui semble vouloir avancer d'un pas énergique et décidé. C'est un piéton certes, mais comme il semble loin de moi ! Je pense alors à cette chanson de Thomas Fersen que je me mets à fredonner, tant mon entrain tourne au ralenti :

Je suis désolé je n'ai que deux pieds...

Même si je ne me sens pas de taille, je dois rester une pointure, alors malgré tout, il faut que j'avance c'est une évidence... je ne vais pas commencer cette reprise en étant à côté de mes pompes, moi qui tend facilement à la calcéophobie !

Encore quelques mètres et j'y suis.

Bon élève, je relève la grille qui grince et ouvre la boutique dont l'enseigne révèle un chat botté.

En effet, l'hiver comme l'été, je travaille Au Chat botté, grand magasin de chaussures qui a pignon sur rue depuis plus d'un siècle, créé à l'époque par un certain Chabotié, cordonnier de son état. Ici, moi je ne suis qu'une petite main au service des pieds de ces Messieurs Dames...

Ce matin, il n'y a pas foule. Pour ne pas perdre pieds ni même la main, je m'occupe comme je peux et trie quelques paires par pointure. Je sors de mon cirage en les triant justement par nuance. Je renoue avec le travail en rangeant des lacets par paire et par longueur.

Dix heures sonnent enfin. J'ai fini mes classements inutiles et insensés. Je m'ennuie déjà.

Pour ne pas sombrer dans un désœuvrement total et ne pas perdre la main ni même pieds, je décide alors de jouer au client tout en tenant mon rôle habituel de vendeur pantouflard.

Je soupire bien vite car mon client n'achète jamais plus de deux chaussures à la fois et c'est assez laçant. Profitant de ma dualité, je lui fais part de mon exaspération en me toisant de la tête aux pieds. Rigolard, celui-ci me répond alors depuis son miroir en chantant :

Je suis désolé je n'ai que deux pieds !

 

 

Et pour fredonner encore cette chanson,

voici ma version  lagaffesque ci-dessous :

 

 

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