CHIEN 11
Au fait, c'est quoi un chien ?
(et un
homme...)
Certains
vous diront que le chien n’est qu’un sac à puces. Je
crains que cela soit une définition un peu rapide, un peu trop
enthousiasme, bien trop métonymique de notre ami le chien.
Qu’on parle de puces, je peux encore le comprendre, car il est vrai
que les chiens en ont parfois. Toutefois, les hommes ont également
parfois des poux mais les nomment-on pour autant des têtes à
poux ? Et les femmes, des êtres à bijoux, et les
enfants des petits choux, des petits cailloux, et les myopes des
hiboux ? Ouh là là bien sûr pour nous non,
et pour vous si prou.
Le
comble dans cette histoire, il me semble, est de comparer le chien à
un sac ! Alors qu’on voit des p’tites dames qui transportent
dans les transports leurs p’tits chiens dans leurs p’tits sacs.
Un sac dans un sac, voyez-vous cela mes chers hiboux ! Même
si j’ai la tête – à poux – dans le sac, je ne
comprends pas que l’on mette un sac dans un sac. Quel sac de nœud !
Quel sac-rilège ! Je ne peux le sacquer. C’est comme si
vous me disiez que les enfants – ces p’tits choux – naissent
dans les choux ou que tout bijou vaut bien un bisou. Allez, zou les
idées toutes faites, on s’en fout.
D’autres
nous parleront bassement, de saucissons à pattes. Attention,
une telle définition du chien, même pour le plus
rampant, voilà qui est intolérable. Je ne pourrais le
souffrir. Etant grand amateur de charcuterie, sachez que pour moi
aussi le saucisson appâte... alors ne me comparez pas un chien
à un saucisson à pattes ! Je trouverais répugnant
que l’on me serve un saucisson de teckel tel quel – même à
la tequila – ou un jambon de basson – j’aurais trop peur qu’il
se mette à jouer un air – et encore moins un pâté
de setter irlandais – même arrosé de whiskey. Et ne me
parlez surtout pas de bâton de berger…
D’autres
surnoms canins plus barbares les uns que les autres surgissent par ci
par là des bouches des mal embouchés. Il y a le clebs
qui se décline en clébard – notez ici que clébard
est le verlan de Barclay, ça doit être à cause
d’un certain chien mélomane qui a voulu lui faire de la
concurrence (souvenez-vous la voix de son maître). Il y a
également cabot qui se décline en Cabu (accusatif) et
en cabas (gérondif), auquel cas le chien redevient sac…Et
pour finir, on parle souvent du toutou à sa mémère
qui fait rien-rien de la journée et qui s’ennuie même
la nuit nuit (là, l'affaire est dans le sac).
En
fait, je dirais que nul ne peut savoir qui est véritablement
notre ami le chien. Car ce coquin garde le secret au fond de
lui-même. Si vous avez bien lu le titre de l'ensemble de ces
petits textes, vous clamerez avec moi que le chien est l’anagramme
de niche. Voilà où réside son secret :
sa maison est en lui. Et il n’a laissé à l’homme
aucune porte ouverte. Meilleur ami mais pas si bête quand même.
Il
est un peu comme le cœur qui lui, prend possession des sentiments et
les retient prisonnier. Et s’il y parvient, s’il est bon geôlier,
c’est que le cœur a ses raisons – non là je déconne
– c’est que le cœur, disais-je, a son écrou – euh ...
là je ne déconnais plus…
Ah
! le chien est bien différent de l’homme. Voilà la
définition du chien, l’évidence parfois nous sauve
des apparences. Pourquoi est-il si différent ? L’homme
ne cache pas son secret en lui-même, il se déclare
entièrement à son chien. D’autre part, aviez-vous
remarqué que pour qu’un môme devienne un homme, il lui
manque un tout petit quelque chose, qui lui prendra bien des années
à gagner. Et fort heureusement – c’est ce qui le sauve –
l’homme a la femme. Car la femme a en elle, sous son aile, un L qui réchauffe le cœur de l’homme (le bourreau des
sentiments). Elle est sa flamme. Sans elle, l’homme serait déjà
mort de froid depuis longtemps. Tandis qu’avec elle – et donc
avec ailes – il peut poursuivre le doux et beau rêve d’Icare.
Allez
mon chien, retourne à la niche et mets ton museau dans la
gamelle, j’ai la tête dans les étoiles...