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23 janvier 2009

CHIEN 15

Home sweet home

home_sweet_home


Il était une fois un pauvre chien qui devait s’échiner pour pénétrer en sa niche rose bonbon. Il faut dire que sa niche était bien étroite. Elle ressemblait plus à un abri-mangeoire pour moineaux, certes bien grassouillets mais tout de même, qu’à une cabane pour canidé. Ah bien sûr, elle était mignonnette, la nichette ! Mais côté pratique, antipathique.

Ce pauvre chien qui s’échinait en sa niche n’était pourtant pas bien gros, bien plus bas qu’un dogue, qu’un boxer ou même qu’un doberman. Ce n’était qu’un ridicule cocker, un cocker coquin, tout fou, tout flou, tout frisé.

Pourquoi cette niche qui l’oblige à s’échiner ? Tout est de la faute de ses maîtres, qui ne sont pourtant pas d’affreux esclavagistes, des tortionnaires zoophobes. Nullement. Ses maîtres, plutôt normaux, avait auparavant un autre chien, un tout petit petit, un chinchilla nommé Sweetie. Ils l’adoraient, l’adulaient. Hélas, elle était morte tragiquement la toute petite chose si fragile, écrasée par une grosse benz, à l’entrée d’un bois en lisière de la ville (Vincennes ou Boulogne, à chacun ses racines).

Ce couple de maîtres rondouillards n’avaient pas songé à doubler le mètre carré de sa niche. Ils avaient changé de chien par la force des choses et complètement omis d’adapter l’existant à l’avenant. Ah ! ils pensaient encore tellement à leur adorable Sweetie ! Ils le pleuraient, le regrettaient sans cesse. Et Sweetie par ci et Sweetie par là, et patati et gnagnagna…Mais qu’est-ce qu’il avait de plus que lui ce chinchilla ! Chien chia aussi non ?! Ah cela avait vraiment le don de l’agacer. Et lui alors ? Il n’était pas mignon ? Toujours prêt à jouer, à faire le beau, à gober des sucres ou des gâteaux en de splendides envolées, à ramasser des balles déchiquetées et moississantes et des bâtons au bois lourd, à traverser des rivières à température glaciale, à ramener le gibier de Papa, le corbeau et le renard , le rat et le lion et j’en passe et des meilleures ! Qu’est-ce qu’il était bon pourtant, un vrai modèle de chien qui fait tout pour distraire ses maîtres. Mais lui, pauvre cocker rabougri, il ne s’appelait pas Sweetie mais Sweet tout court. On avait supprimé le i- final, cette voyelle qui donnait alors à ce nom, toute valeur affective. Dure réalité, dure vie de chien. Non, franchement, cette atmosphère le pesait. Il commençait sérieusement à penser fuir cette maison, à partir librement sur les routes.

Toutefois, si le gîte était étroit, le couvert était fameux. Cela le retenait encore, malgré tous les désagréments qu’il devait subir par ailleurs. Livré à lui-même dans la jungle citadine, que deviendrait-il ? Il devrait certainement dormir mieux, mais pour ce qui est de satisfaire son grand appétit…Il devrait alors se débrouiller, fouiller dans les poubelles, à la recherche d’os, de tout déchet alimentaire. Il lui faudrait guetter les gens, les surveiller, voir s’ils ne laissent pas une croûte de saucisson par ci, une cuisse de poulet par là, pire un quignon de pain jeté aux pigeons trop bien nourris. Il ne pourrait même pas faire la manche pour se payer des saucisses succulentes chez un bon petit charcutier de quartier, ni quémander dans le métro, n’étant pas humain, mais seulement un misérable tas d’os canin. Sûr, il pourrait se manger, mais à quoi partir si c’est pour disparaître ? De plus, les transports urbains sont formellement interdits à ceux de sa race, sauf s’il se transportait dans un panier. Et ça, alors non, non et non ! Sweet a sa dignité tout de même ! Se rabaisser à être traité comme un légume ramené du marché, ce serait inadmissible. Non, mieux vaut rester à rêver en regardant le ciel étoilé, par l’étroite ouverture de la niche. Mieux vaut continuer à s’échiner en sa niche. Sweet préfère rester, lorsque le ciel le permettra, il dormira dehors, dans l’herbe fraîche des nuits d’été, dans la rosée limpide du petit matin. Sweet home, Sweet. Finalement, tu vas rester et tu écouteras, avec compassion, les larmes débordant de tes yeux rougis, toutes les formidables aventures de ce putain de Sweetie !

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Commentaires
S
-> Epsilon : Wouf wouf wououououfff !!!
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E
Ouaf, ouaf, ouaf!
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