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1 février 2010

&a

Papier à musique,

la Chanson de Gainsbourg


gainsbarre_noir_et_blanc


SHEBAM ! POW ! BLOP ! WIZZ !

La chanson des petits papiers s'envolaient ainsi dans la pièce enfumée. La combustion de divers papiers - arménie, cigarette, maïs et compagnie - enfumait sa chambre sous les toits, sans même une vue sur les autres gouttières de Paris. Seul, un oeil-de-boeuf aveugle, aussi petit qu'un trou de souris,  perçait le zinc ondulé de sa turne.

L'oeil chèvre, Monsieur Seguin tirait sur sa gitane et faisait danser le flamenco aux volutes bleutées qui s'échappaient de sa robe rougeoyante, dans les airs étouffés de ce réduit miniature. Il en avait plein le nez qui était long, en forme de bec, de ceux que portent élégamment les toucans. Ce grand noctambule avait également les yeux jaunes de la chouette harfang et ceux ébahis de l'effraie mais sans menace aucune. Une belle gueule d'ange Hydeux resculptée par le docteur J. Car il était plutôt séducteur, roulant des mécaniques de twister comme un paon spicifère - que l'on dit muet - déroule sa roue en silence. Il avait un peu de cette tronche à la Gainsbarre retouchée par Sfar.

Un air de jazz enchaîna. Une guitare déroulait des accords sur une ryhtmique assenée par une contrebasse. Un air violent et langoureux.

Il se laissait aller en claquant les doigts d'une main comme devant un bon vieux juke-box, et de l'autre, enserrant son glass de blended malt.

Puis, étendu sur son sofa au velours rubis, il pianotait dans la grisaille nicotinique sur un Pleyel imaginaire et noircissait de noires, de croches simples ou triplées et de soupirs alanguis, ses papiers à musique, immortalisant ainsi des symphonies raccourcies, chansonnettes mineures.

Piano crapaud, piano girafe ou piano trois-quart-de-queue (de pie par dépit), tout était bon pour écrire ses nocturnes à l'encre de Chine, sur des papiers Japon aussi précieux, que des velins raisinés.

Il devait se contenter de ce modeste grain, rester lisse sans même une seule vergeure et naître à nouveau pour n'être plus qu'un pondeur pondéré de variétés insipides.

Son rêve de peinturlurer des papiers jésus, coquille ou écolier, de les inciser à la pointe charbonneuse de ses fusains pour en faire d'exquises esquisses était déjà loin. Un point microscopique, qui s'est définitivement évaporé dans les brumes papivores de cette nuit et envolé dans l'air de la chanson des petits papiers...

Et c'est depuis ce jour-là que collé à son scotch, délaissant le papier pour le piano, Monsieur Seguin s'bourre et que les gains s' barrent...

©illustration : Joann Sfar

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