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11 septembre 2008

CHIEN 7

Chien fatigué

Maître fatigant


 

je_ne_veux_pas_entrerVoilà, il allait encore sortir, le collier autour du cou, la laisse au bout, lui laissant trois à quatre mètres de liberté pour gambader, mais il ne voulait pas marcher, il ne voulait pas sortir dehors, il voulait simplement rester allongé sur son tapis au pied du canapé, mais son maître avait trop peur qu’il s’ennuie, alors voilà, il le sortait dans le parc pour qu’il se dégourdisse les pattes, qu’il joue comme un chien se doit de le faire, il va falloir courir et se rouler dans l’herbe, ramener les bouts de bois jetés au loin comme des javelots inoffensifs, puis viendra le ballon, son maître adore le ballon, le foot et compagnie, mais qu’est-ce qu’il en a à foutre, lui le chien, de ces hommes qui se disputent une balle et s’étalent sans arrêt sur des pelouses toujours parfaitement tondues et parfaitement rectangulaires, non lui, il voudrait dormir se reposer, ah si son maître travaillait au moins, il resterait tranquille dans le grand appartement, abruti à roupiller, tranquille pépère, le chien, mais non voilà, voilà, son maître ne travaille pas et l’emmène au parc, ah oui, il va falloir aussi renifler les derrières des autres chiens, leur aboyer dessus, selon l’humeur, jouer son rôle de chien quoi, tout ça est éreintant, il halète le chien, vous voyez bien qu’en lisant ceci, il n’a même pas le temps de respirer, il n’a droit qu’à de courtes pauses à peine suffisantes pour reprendre son souffle, alors sa langue pend de plus en plus, caresse la poussière et les graviers, l’échine se courbe, mais il faut tenir, courir encore courir, toujours courir, sa vie c’est métro boulot sans dodo, vivement la nuit, seul moment où il peut dormir quelques heures, tout en courant c’est le crépuscule qu’il poursuit, guettant, les mouvements du soleil, ah on peut pas dire qu’il se bouge beaucoup celui-là, il avance lentement, lentement, et encore plus vite, plus gaiement, lui, doit courir s’épuiser, allez la pâtée et au dodo, on rentre maintenant mon cher maître, assis sur le banc en train de me lancer la balle ou des bâtons, mais pourquoi y’a-t-il des arbres, ah il ne se crève pas trop lui, juste le bras qui meuve, ah mais enfin voilà la tant attendue page blanche

 

 

 

 

La page blanche, enfin une vrai pause. La page blanche c’est la nuit. Pas une nuit blanche. Une nuit courte certes, mais une nuit noire. Les paupières sont closes, les yeux fermés au plus profond d’eux-mêmes. Il rêve, le chien, il rêve enfin. Il rêve qu’il dort.

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Commentaires
J
Une vraie vie de chien ! Et un final gotlibien : le chien qui rêve qu'il dort, ça doit être la couverture du premier album de Gai-Luron, si j'ai bonne mémoire. Ah non, c'est le tome 2, en fait : http://www.mesjournaux.com/images/gotlib-gailuron-t2.jpg
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