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27 novembre 2008

culture et autres déconfitures 4

Du Poup'-Art aux journées du patrimoine

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Monsieur Paul Art Barok, jeune homme d'une quarantaine d'années, engoncé dans un canapé au fond trop moëlleux – de ceux qui vous mettent les genoux au niveau des oreilles - sirotait tranquillement un thé à la bergamotte dans le salon douillet de sa vieille tante Mrs Robinson. Cette dernière était entourée de sa cour vieillissante, composée de sa veuve de belle-soeur de 83 ans, de sa cousine de 85 ans toujours flanquée de son mari, le cadet de 78 ans. Il était presque 16 heures 30 et l'on n'y manquait jamais la traditionnelle Tea time, même si la sortie de table venait de se faire... Le café avait encore une fois été oublié au grand dam de Paul Art. Car Monsieur Barok était plutôt caféine que théine, à tel point que ces meilleurs amis le surnommait le Père Colateur... Malgré tout, il s'était habitué au rituel de sa vieille famille... A la guerre comme à la guerre ! Et puis ce n'était qu'un week-end tous les deux ou trois mois...

Paul Art était plongé dans ses pensées, se laissant envahir par les sons du silence, lorsque par-dessus un flot de paroles, il entendit ces bouts de phrases : .... journées ...moines... Jocelyn...

Aux regards de tous les membres de l'assemblée qui divergeaient vers lui, il comprit, comme réveillé en sursaut, qu'on s'adressait à lui...

Il ne put que répondre ces bredouillements :

- Le moine Jocelyn ??? Ah... un nouveau chartreux dans le diocèse, chère tante ... ???

- Mon cher Paul Art, vous rêvez ! Encore plongé dans vos délires de polars ! M'enfin vous vous prenez toujours pour Hercule Poirot ? Cela ne vous a pas passé depuis vos piètres années d'études au collège ? Sept, si j'ai bonne mémoire... Non mon cher neveu, il n'est nullement question de moine Jocelyn ou Cafdael. Je vous disais simplement que cela me ferait un immense plaisir que vous daignâtes nous accompagner au Musée de poupées, situé dans les vestiges du château de Josselin, comme toute personne cultivée le sait. Car comme vous ne pouvez l'ignorer, ce week-end ont lieu les journées du patrimoine... Et à cette occasion, le musée qui nous intéresse, présente au public la totalité de ses collections ! Soit environ mille spécimens, tous uniques en leur genre ! Je vous rassure, il y en a pour tous les goûts mon cher Paul Art : faïence, porcelaine, laine, métal, courge, vaudou, cire, son, coquillages, crustacés...

- Et la plage ensoleillée, c'est pour après ???

- Allons, allons, il n'est plus temps de plaisanter ! Prenez votre veste de tweed et empressons-nous de partir. Vous allez nous mettre en retard ! Vous n'avez même pas encore touché à votre thé. Il vous manque peut-être votre nuage de lait ?

Et patatati et patata...

Avant la fin de tout ce radotage, notre Paul Art eût le temps de terminer son thé et d'enfiler sa veste de tweed. Une demi-heure plus tard, soit environ vers 17 heures, ils furent tous installés plus ou moins confortablement dans la voiture de sa tante, une antique DS quasi-authentique. Pour être honnête, il s'agit plutôt d'un bas de gamme qui fait mal au do... Un ersatz. Une ID, qui est en fait bien loin de l'idée qu'on se fait d'une déesse...

Tout ce petit équipage avait réussi à se caser dans la vieille automobile aérodynamique et aux fameuses suspensions hydrauliques. Un sacré tangage ! Au volant comme capitaine au long court, se trouvait le mari de la cousine de sa tante, le moteur personnel un peu trop imbibé de sherry... et à ses côtés, à la fameuse place du mort, la belle-soeur de sa tante, déjà veuve rappelons-le... Coincé entre sa vieille tante et sa cousine, Monsieur Barok était lourdement écrasé de gauche comme de droite – il se dit alors que ce ne devait pas être facile tous les jours d'être centriste... Il se sentait comme pris dans un étau qui avait le désagréable désavantage de causer... Il comprit alors le sens profond des expressions Aller de l'avant et être sur ses arrières...

Sa tante se délectait à l'avance de la visite qu'ils allaient faire. Et elle en profita pour étaler ses goûts artistiques et toute sa confiture pseudo-culturelle... un véritable coulis d'airelles ! Si on ajoute à cela le roulis imprimé par la caisse quinquagénaire, Paul Art était sacrément bien bercé. Cependant, des bribes de dialogue, attrapées au vol par ces oreilles mal embouchées, le sortirent de sa demi-torpeur... :

(Sa tante ) : « .... L'année passée j'ai visité le musée du Velours, formidable ! Croyez-moi c'est quand même autre chose que tous ces Louvres et compagnie ! » A voir absolument, si vous ne le connaissez pas, ma chère cousine ! »

Il ne pût s'empêcher de se mêler à la conversation, au bord de l'effarement :

« Ah oui oui, c'est vrai. Tenez, moi je me souviens avoir visité aux Pavillons-sous-bois, un merveilleux et charmant petit établissement, le musée des Drapeaux. Magnifique ! Là c'est sûr, c'est autre chose que leur Prado et autres dépotoirs de l'art ! »

Ce qui ma foi, relança bien la discussion entre la tante et sa cousine... et replongea Paul Art dans son hypnose illusoire.

On approchait du but. Paul Art Barok pensa que peu de monde viendrait visiter un tel musée. Des poupées ??? Qui cela peut-il bien intéresser ? Sa tante... mais à part ça ? Ca serait toujours ça de gagné, parce que, c'est bien joli les journées du patrimoine, mais en général, on passe plus de temps en attente qu'en visite !

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Commentaires
P
Les personnages sont poilants et que de bons mots!!!
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